En 1970 à La Réunion, cinq ans avant la loi Veil, on découvre que des milliers de femmes ont été avortées et stérilisées, parfois sans leur consentement, par des médecins qui ont prétexté d’autres opérations pour obtenir les remboursements de la Sécurité sociale. Derrière ces actes illégaux et frauduleux se cache une véritable politique anti-nataliste, soutenue par les représentants de l’État français dans les Outre-mer.
À travers une grande enquête, ce film raconte comment des faits aussi graves ont pu se produire sans provoquer un réel scandale au niveau national, comment on s’est empressé de classer cette affaire, comment on ne s’est jamais préoccupé de ce qui est arrivé à certaines femmes mutilées dont les vies ont été changées à jamais.
Jarmila Buzkova, a rencontré des victimes et a remis en perspective ce dossier en ressortant les archives du procès de 1971 : des Réunionnaises avaient osé poursuivre les médecins qui les avaient rendu stériles, sans les informer de l’opération qu’ils allaient pratiquer. Devant les juges, les « praticiens » avaient tenté de justifier ces intervention chirurgicales. Ils avaient expliqué qu’ils voulaient enrayer une « démographie galopante ».
Finalement, les « coupables » qui ont eu à répondre de leurs actes, uniquement devant la juridiction civile et non pénale, n’ont été que légèrement sanctionnés. Un grand nombre de prévenus a été relaxé et les victimes de ces opérations abjectes n’ont jamais obtenu de compensation financière. Quarante-neuf ans après les faits, ce film rend hommage à ces victimes qui ont défié l’autorité pour l’honneur.